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Semaine du 1er janvier Crossing Istanbul Film de Levan Akin - Danemark, France, Géorgie, Suède, Turquie - 1h 46 - avec Mzia Arabuli, Lucas Kankava, Deniz Dumanli Lia, professeure à la retraite, s’est promis de retrouver Tekla, sa nièce disparue depuis trop longtemps. Cette quête la mène à Istanbul, ville de tous les possibles. Elle y rencontre Evrim, une avocate qui milite pour les droits des personnes trans, et Tekla lui semble alors de plus en plus proche. En effet, «Crossing Isatanboul» traverse la frontière entre la Georgie et la Turquie et perd ses protagonistes dans le labyrinthe istanbuliote. Gargantuesque et écrasante, la métropole brille à l’écran. Ses captivants décors urbains prennent vie et émerveillent le public grâce à la photographie de Lisabi Fridell, qui avait déjà travaillé avec le réalisateur sur «Et puis nous danserons» et avait participé à quelques épisodes de la série Netflix à succès «Young Royals». (cineman.ch) |
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Semaine du 1er janvier Limonov, la ballade Film de Kirill Serebrennikov - France, Italie - 2h 18 - avec Ben Whishaw, Masha Mashkova, Tomas Arana Militant révolutionnaire, dandy, voyou, majordome ou sans abri, il fut tout à la fois un poète enragé et belliqueux, un agitateur politique et le romancier de sa propre grandeur. La vie d’Edouard Limonov, telle une traînée de soufre, est une ballade à travers les rues agitées de Moscou et les gratte-ciels de New-York, des ruelles de Paris au coeur des geôles de Sibérie pendant la seconde moitié du XXe siècle. Faire de Limonov un vaurien héroïque, voilà la ligne directrice de cette ballade libre, foisonnante, miroitante. Où les transitions, entre les époques et les séquences, sont bluffantes. Reste que la mise en scène, un peu moins inspirée que dans Leto ou La Fièvre de Petrov, survole parfois les situations – sur l’adhésion du personnage à la fin de sa vie à l’idéologie rouge-brune, le film va trop vite. (Télérama) Inspiré du roman d’Emmanuel Carrère, le portrait que dresse Kirill Serebrennikov d’un poète dandy, clivant et antipathique, est un exercice de cinéma, définitivement débarrassé de tout académisme narratif. Jubilatoire et passionnant. (Avoir-alire) Ciné Croissants dimanche 5 à 10 heures |
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Semaine du 8 janvier Noël à Miller’s Point Film de Tyler Taormina – USA - 1h 46 - avec Matilda Fleming, Michael Cera, Francesca Scorsese Une boule de Noël irisée, à la fois réconfortante et crépusculaire : Tyler Taormina filme un réveillon qui réunit les membres d’une famille italo-américaine de classe moyenne. Alors que la nuit avance et que des tensions éclatent, l’une des adolescentes s’éclipse avec son amie pour conquérir la banlieue hivernale. Une savoureuse chronique fragmentée par sa multitude de personnages, et qui capte comme peu d’autres films la mélancolie des fêtes de fin d’année. (Ecran Large) Producteur, et réalisateur de Ham on Rye (2021), film de passage à l’âge adulte, le temps d’une longue fête à Long Island, et de Happer’s Comet (2022), Tyler Taormina s’y confirme en exquis peintre d’atmosphère. Transformant une intrigue tenant sur un timbre-poste (que va-t-on faire de l’ancêtre ?) en élégie du temps qui passe et en manière de discrète americana. (Le Monde) |
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Semaine du 8 novembre Everybody loves Touda Film d e Nabil Ayouch - France, Maroc - 1h 42 - avec Nisrin Erradi, Joud Chamihy, Jalila Tlemsi Touda rêve de devenir une Cheikha, une artiste traditionnelle marocaine, qui chante sans pudeur ni censure des textes de résistance, d’amour et d'émancipation, transmis depuis des générations. Se produisant tous les soirs dans les bars de sa petite ville de province sous le regard des hommes, Touda nourrit l’espoir d'un avenir meilleur pour elle et son fils. Maltraitée et humiliée, elle décide de tout quitter pour les lumières de Casablanca... Ne cachant rien des humiliations régulières qu'elle doit endurer, Nabil Ayouch construit son film comme une double spirale inversée : celle d'un monde de fête se refermant sur cette chanteuse ambitieuse avec une noirceur grandissante au fil des marches franchies, et celle, opposée, d'une femme en partie résignée qui se libère progressivement grâce à sa ferveur et son art. (Abus de Ciné) Avec des images aux tonalités chaudes, un montage énergique, la musique au cœur du film et une caméra au plus près de Touda, le réalisateur nous campe dans les pas de son héroïne. (FranceInfo Culture) |
Jeudi 9 janvier La Chanson de Jérôme Film d’Olivier Bosson – France - 1h 53 - Ce film a pour origine l’histoire tragique qui est arrivée à un éleveur de Saône-et-Loire, militant contre l'agro-industrie. Il s’appelait Jérôme Laronze, il est mort le 20 mai 2017 abattu par un gendarme, au terme de longs mois de conflit avec l’administration de l’élevage. Sur place nous avons rencontré les gens que vous allez voir dans le film. Plusieurs le connaissaient, certains étaient ses amis. Avec eux, nous avons voulu rejouer ce qui s’est passé. Cin’Eco en présence du réalisateur jeudi 9 janvier à 20 h |
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Semaine du 15 janvier Oh Canada Film de Paul Schrader – USA - 1h 35 - avec Richard Gere, Uma Thurman, Jacob Elordi Un célèbre documentariste canadien accorde une ultime interview à l’un de ses anciens élèves, pour dire enfin toute la vérité sur ce qu’a été sa vie. Une confession filmée sous les yeux de sa dernière épouse... Une approche du storytelling tout en digressions et en mystères insolubles qui, en contrevenant à tous les codes de linéarité, transmet remarquablement l’arborescence un peu bordélique qu’est l’existence – les choix que l’on faits, parfois sans raison, juste sur la foi de l’instinct, d’une peur soudaine, d’un hasard. (CinemaTeaser) Voilà l’exemple d’un film faussement modeste et classique mais dont la mise en scène, entre ombre et lumière, couleurs et noir et blanc, dévoile peu à peu la richesse. (La Voix du Nord) |
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Semaine du 15 janvier The Wall Film de Philippe Van Leeuw - Belgique, Danemark, Luxembourg, U.S.A. - 1h 36 - avec Vicky Krieps, Mike Wilson, Ezekiel Velasco Jessica Comley est un agent de la patrouille frontalière américaine en poste à Tucson, en Arizona, dans une zone désertique où les trafiquants de drogue et les immigrants illégaux tentent leur chance de traverser. Lors d'un déploiement, elle tire sur une personne. Son collègue suggère qu'il s'agit d'un accident. Mais un homme âgé et son petit-fils, issus d'un peuple indigène, sont témoins de ce qui s'est passé. C'est leur parole contre la sienne. Au-delà de ce récit aussi tendu que ramassé, la force de « The Wall » réside dans ce portrait crispé de son anti-héroïne, et dans l’incarnation qu’en livre Vicky Krieps, comédienne germano-luxembourgeoise adoptée par le cinéma français et remarquée pour la douceur ou la réserve de ses compositions. (Le Parisien) Et si la meilleure fiction de ces derniers mois sur l'Amérique de Donald Trump était signée par un cinéaste belge ? (Les Echos) |
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Semaine du 22 janvier Joli joli Film de Diastème – France - 1h 56 - avec Clara Luciani, José Garcia, William Lebghil De Paris à Rome dans les années 70, le destin d’un écrivain fauché percute celui d’une star montante du cinéma. Leur chemin vers l’amour sera semé d’embuches, de quiproquos et rebondissements. Une comédie musicale et tourbillonnante ! Entre Paris et Cinecittà, au fil de l’année 1977, une poignée de personnages se rencontrent, se ratent, se courent après, avant que les bons couples se forment. Le tout en chansons et en couleurs vives. Un exercice de style sincère et assez charmant. (Les Fiches du cinéma) Un petit théâtre emballant, tout de mélancolie pop, sur l’inconstance des sentiments (et du succès) où brille, particulièrement, Laura Felpin, version chantante de Giulietta Masina. (Télérama) |
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Semaine du 22 janvier My sunshine Film de Hiroshi Okuyama - France, Japon - 1h 30 - avec Sosuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama, Kiara Nakanishi Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable. Sous couvert de douceur ambiante, le cinéaste raconte l’injonction sociétale, la résignation [...], dans un monde où la force apparente l’emporte sur la vulnérabilité, et le hockey sur le patinage. Dans un état de grâce suspendu, l’harmonie perce à force de complicité des personnages et d’accompagnement formel. (Bande à part) Grâce à ses interprètes et une mise en scène coton, My Sunshine est un récit d’apprentissage tendrement rude dans les thématiques qu’il aborde. (L'Humanité) |
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Vendredu 24 janvier L’Homme qui tua Libery Valance Film de John Ford – USA - 2h 03 - avec John Wayne, James Stewart, Lee Marvin Un homme politique reconnu, Ransom Stoddad, assiste à l'enterrement de son ami Tom Doniphon avec sa femme. C'est pour lui l'occasion de revenir avec un journaliste sur les moments importants de sa vie, notamment son arrivée dans l'Ouest, l'arrestation de sa diligeance par le célèbre bandit Liberty Valance, sa volonté de se venger de celui-ci. Jadis, Donophon était devenu son allié... "Quand les faits se sont transformés en légende, publiez la légende " : telle est la morale paradoxale illustrée par Ford dans ce western testament (son avant-dernier), qui est aussi un des plus beaux films sur la presse, entre faits bruts et interprétations héroïques. James Stewart et John Wayne, pour la première fois réunis, y sont inoubliables. Un grand chef-d’œuvre à retrouver en copie neuve. (Le Figaroscope) Mise en scène : Parfaite, rapide, sans effet inutiles. (Libération) Dans le cadre de Lycéens et Apprentis au Cinéma - présentation par Jean-François Buiré |
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Semaine du 29 janvier Mémoires d’un escargot Film d’ Adam Elliot Australie - 1h 34 - avec les voix de Jacki Weaver, Eric Bana, Sarah Snook, Dominique Pinon A la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout de l’Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s’enfonce dans le désespoir. Jusqu’à la rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va lui apprendre à aimer la vie et à sortir de sa coquille… Raconté dans des décors où tout est marronnasse, avec des figurines très expressives aux sourires tristes et aux yeux cernés, ce récit n’y va pas avec le dos de la cuillère sur le pathos. Le film laisse néanmoins une place importante à l’humour, grâce à de nombreux détails burlesques, fantasques et même queer-coded. Surtout, il donne à cet humour la bonne place : pile en équilibre délicat entre compassion poignante et bouffées d’air frais farfelues. Ce conte doux amer parvient à galvaniser les cœurs autant qu’à les briser. (Le Polyester) Avec une intervention de Benoît Letendre ùercredi 29 à 20 h |
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Semaine du 29 novembre Bird Film d’Andrea Arnold - France, Grande-Bretagne, U.S.A., Allemagne - 1h 58 - avec Barry Keoghan, Franz Rogowski, Nykiya Adams À 12 ans, Bailey vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs. Ancré dans le quotidien d'une banlieue peu avenante, Bird bascule dans le fantastique dans sa dernière demi-heure. Une rupture de ton que l'on n'attendait pas de la réalisatrice britannique, mais parfaitement articulée avec ce qui précède. (Francetvinfo) Prenez Ken Loach, donnez-lui vingt ans de moins et la pétulance d’une Vivienne Westwood et vous trouverez Andrea Arnold. Une sacrée nana made in England, frondeuse dopée dans sa jeunesse à la musique et aux arts plastiques, et récompensée comme il se doit par un Carrosse d’or, la veille de la présentation de son nouveau film en compétition. (Télérama) Ciné croissant dimanche 2 février à 10 h |
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Semaine du 16 octobre Ma vie, ma gueule Film de Sophie – France - 1h 39 - avec Agnès Jaoui, Angelina Woreth, Édouard Sulpice Barberie Bichette, qu'on appelle à son grand dam Barbie, a peut-être été belle, peut-être été aimée, peut-être été une bonne mère pour ses enfants, une collègue fiable, une grande amoureuse, oui peut-être… Aujourd'hui, c'est noir, c'est violent, c'est absurde et ça la terrifie : elle a 55 ans (autant dire 60 et bientôt plus !). C'était fatal mais comment faire avec soi-même, avec la mort, avec la vie en somme… De la promotion 1990 de la Fémis dont elle faisait partie aux côtés de Noémie Lvovski, Solveig Anspach ou encore Arnaud des Pallières, jusqu’au 31 juillet dernier où elle a succombé à la maladie à l’âge de 58 ans, Sophie Fillières aura, outre ses activités de scénariste, réalisé une petite dizaine de films (trois courts et sept longs). Corpus aussi léger que précieux en ceci qu’il impose au paysage cinématographique français une forme comique absolument singulière, mélangeant la tradition française du cinéma de la parole à une certaine loufoquerie anglo-saxonne. Ainsi le don absolu de Sophie Fillières pour écrire des dialogues aussi farfelus que poétiques s’allie dans ses films à un sens impeccable du burlesque de situation. Ajoutons à cette force comique, un trait tragique particulier : pour se sortir du mauvais pas dans lequel ils se trouvent les personnages de Sophie Fillières n’ont pour seul outil que le langage qu’ils ne cessent de tricoter comme pour s’inventer un filet où leur corps pourra retomber sans dommage. Dans un monde où le fabuleux s’est envolé (la magie du père dans Ma vie ma gueule n’opère plus), il ne reste plus que l’affabulation. Les personnages s’en remettent donc aux mots qui vont et viennent, parfois piégés, un peu comme on joue à la marelle (le mot, étant comme on sait, la mort sans en avoir l’r). C’est le cas ici de Barberie Bichette, admirablement interprétée par Agnès Jaoui, cinquantenaire sonnée par la maladie et la menace de la mort qui rôde déjà. Philippe Katerine joue le rôle du loup enjôleur qui tourne autour de la Bichette ; loup qu’il s’agira d’apprivoiser… Comme souvent dans les films de Sophie Fillières, le personnage principal est d’abord bloqué, piétine, s’accroche avec les autres, s’évanouit face au vertige du redoublement de toute chose (motif du miroir et du retour du passé perdu), jusqu’à ce que, et c’est là le miracle de la seconde partie de ce film magnifique, Barberie file à l’anglaise et donne consistance aux mots qu’elle a élus. Elle trouve alors un coin de terre ferme sur lequel elle pourra se tenir droite et s’instituer princesse. Un royaume. À ce moment du film, les larmes qui se mêlaient aux rires des spectateurs durant la projection de Ma vie ma gueule en ouverture de la dernière Quinzaine des cinéastes n’étaient pas seulement dues à l’absence physique de Sophie Fillières dans la salle mais bel et bien à la consistance de son art. Chapeau ! (Acrira) |
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Semaine du 23 octobre Be natural, l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché Film de Pamela B. Green - 1h 42 - avec Jodie Foster, Evan Rachel Wood, Andy Samberg Première femme réalisatrice, productrice et directrice de studio de l’histoire du cinéma, Alice Guy est le sujet d’un documentaire mené tambour battant telle une enquête visant à faire (re)connaître la cinéaste et son œuvre de par le monde. Il aura fallu attendre la réalisatrice Pamela B. Green pour qu’un documentaire américain remarquable consacre enfin cette pionnière française du cinéma, avec "Be Natural : l'histoire cachée d'Alice Guy-Blaché". (Franceinfo Culture) Une matière abondante que met en scène sans pesanteur et avec un brin de suspense ce remarquable documentaire. (Le Monde) |
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Semaine du 23 octobre Les barbares Film de Julie Delpy - France - 1h 41 - avec Julie Delpy, Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte A Paimpont, l’harmonie règne : parmi les habitants, il y a Joëlle - l’institutrice donneuse de leçons, Anne – la propriétaire de la supérette portée sur l’apéro, Hervé – le plombier alsacien plus breton que les Bretons, ou encore Johnny – le garde-champêtre fan de… Johnny. Dans un grand élan de solidarité, ils acceptent avec enthousiasme de voter l’accueil de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens… mais syriens ! Et certains, dans ce charmant petit village breton, ne voient pas l’arrivée de leurs nouveaux voisins d’un très bon œil. Alors, au bout du compte, c’est qui les barbares ? En combinant humour et réflexion sociétale, Julie Delpy signe une comédie intelligente, humaniste, servie par des répliques brillantes et un casting aux petits oignons. Une comédie populaire au bon sens du terme, porteuse d’espoir, qui séduit par son approche délicate des questions d’intégration et de tolérance. La réalisatrice précise cependant que Les Barbares n’est pas un film à message, mais plutôt un film qui « essaie simplement d’être honnête sur une situation actuelle qu’il ne faut ni minimiser ni diaboliser.” (Bretagne cinéma) |
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Semaine du 07 aout Sons Film de Gustav Möller - Danemark, Suède - 1h 40 - avec Sidse Babett Knudsen, Sebastian Bull Sarning, Dar Salim Eva, gardienne de prison exemplaire, fait face à un véritable dilemme lorsqu'un jeune homme de son passé est transféré dans l’établissement pénitentiaire où elle travaille. Sans dévoiler son secret, Eva sollicite sa mutation dans l'unité du jeune homme, réputée comme la plus violente de la prison. Sons impressionne par sa noirceur et la qualité des interprétations, le duo formé par Sidse Babett Knudsen et Sebastian Bull étant presque de chaque plan. Ils participent à entretenir la noirceur du film, presque intégralement tourné dans les murs d’une prison de Copenhague, créant un sentiment d’étouffement extrêmement prenant. La qualité de la mise en scène se ressent dans cette grande intensité dramatique qui ne relâche pas son étreinte jusqu’au dernier plan, et des derniers mots prononcés, qui restent longtemps imprimés après le générique de fin. (lebleudumiroir) |
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Semaine du 14 aout Les gens d’à côté Film d’ André Téchiné - France - 1h 25 - avec Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, Nahuel Perez Biscayart Lucie est une agent de la police technique et scientifique, proche de la retraite. Son quotidien solitaire est troublé par l’arrivée dans sa zone pavillonnaire d’un jeune couple, parents d’une petite fille. Alors qu’elle se prend d’affection pour ses nouveaux voisins, elle découvre que Yann, le père, est un activiste anti-flic au lourd casier judiciaire. Le conflit moral de Lucie entre sa conscience professionnelle et son amitié naissante pour cette famille fera vaciller ses certitudes… Savoir séparer la vie privée de la vie professionnelle, apprendre à connaître les gens avant de les juger, tenter de se mettre à minima à la place de l’autre, partager la vie de quelqu’un dont on n'a pas les mêmes idées, bref savoir dialoguer même avec l’ennemi, tout cela constitue la multitude de thématiques abordées en douceur dans ce thriller psychologique étonnant. Isabelle Huppert incarne avec aplomb cette veuve, dont le conjoint, également policier, s’est suicidé. Quant au duo composé par Nahuel Perez Biscayart (décidément très présent à Berlin) et Hafsa Herzi, il apparaît crédible de bout en bout. Le dernier film d'André Téchiné évolue ainsi sur le film du rasoir, entre tentation de la délation, risque de d'utilisation de sa fonction, mensonge et omission, solitude et famille de substitution, pour mieux semer le trouble.(abusdecine) |
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Semaine du 14 aout Aloïse Film de Liliane de Kermadec - France - 1h 55 avec Caroline Huppert, Delphine Seyrig, Isabelle Huppert D’après la vie de l’artiste suisse Aloïse Corbaz. L’histoire d’une jeune femme d’origine modeste, pleine d’ambition artistique. Gouvernante en Allemagne, la première guerre mondiale l’oblige à regagner sa patrie. Mais fragile et perturbée, elle est internée jusqu’à la fin de sa vie. Isolée du monde, elle le réinvente par la peinture… On croit souvent Liliane de Kermadec la cinéaste d’un seul film. C’est faux, elle a réalisé à partir des années 60 et jusqu’à sa mort en 2020 une petite vingtaine de films, longs et courts, divers, télé et ciné, fictions ou documentaires. Au cours de la seconde moitié de sa vie, elle mène à bien des projets autoproduits autour de figures aussi variées – mais secrètement liées par la politique et le genre – que l’éditrice de l’œuvre de Charles Fourier, Simone Debout-Oleszkiewicz (Paris ou l’utopie perdue, 2018), ou les femmes du mouvement révolutionnaire des Tupamaros en Uruguay (le Cri des fourmis, 2015). S’il est donc faux qu’elle est la réalisatrice d’un seul film, Aloïse (1975), toutes ces autres productions sont invisibles, perdues, inachevées, hors circuit. Liliane de Kermadec est à peine une artiste mais maudite. Comme Aloïse. (Libération) |
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Semaine du 21 aout Val Abraham Film de Manoel de Oliveira - Portugal, Suisse, France - 3h 23 - avec Luís Miguel Cintra, Leonor Silveira, Cecile Sanz de Alba AEma, pour s'évader de sa vie terre à terre, se réfugie dans la poésie et le romantisme. Ses amours successives ne voilent pas sa désillusion progressive et, comme Emma Bovary, la conduisent à la mort. Vale Abrãao» est le film d’Oliveira où l’amour n’est plus le privilège des femmes et le sexe celui des hommes. Car cette Ema faite de feu, cette femme qui se donne à son mari, puis à ses amants, sans les aimer et sans rien demander, c’est la Terre et c’est l’épée à la fois, elle est née comme ça. C’est la Bovary de «l’âme qui balance» et que les hommes aiment à la folie mais ne comprennent jamais. Pas la Bovary de Flaubert, mais celle, sacrée, de Agustina et de Oliveira. Seule la rivière – le Douro, toujours – pourra l’accueillir, ses supplices, ses extases, tout le désir. (fidMarseille.org) |
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Semaine du 21 aout Le Schpountz Film de Marcel Pagnol – France - 2h 08 - avec Fernandel, Fernand Charpin, Orane Demazis Jeune commis épicier un peu mythomane, Irénée, à qui le cinéma a tourné la tête, est convaincu qu'il deviendra un acteur célèbre. Il rencontre une équipe de tournage qui lui réserve une plaisanterie cruelle... Il arrive aux studios plein d'espoir... Inspiré d'une anecdote survenue sur le tournage d'Angèle, le personnage de Fernandel, neveu de l'épicier du village (inoubliable Fernand Charpin), se fait berner par une équipe de tournage, qui lui réserve une plaisanterie bien cruelle. Dans un jeu de dupes à la fois drôle et pathétique, la plume chantante de Pagnol dénonce la futilité et l'hypocrisie d'une profession, tout en s'interrogeant sur la fonction du comique. Les simulacres, les désillusions et les remords serviront la cause du fada, qui finira par triompher dans une joyeuse pagaille.(cinematèque) |
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Semaine du 28 aout L’innocent Film de Luchino Visconti - Italie, France - 2h 09 - avec Jennifer O'Neill, Laura Antonelli, Giancarlo Giannini Dans l'Italie bourgeoise du XIXe siècle, Tullio, l'époux de Giuliana, n'a de cesse de tromper sa femme ! Il fréquente d'ailleurs très régulièrement Teresa. Un jour, cette dernière rencontre un autre homme et cela rend Tullio très triste. Il se tourne alors de nouveau vers sa femme, mais celle-ci, en désespoir de cause, a trouvé elle aussi un amant ! Réalisant qu'il est trop tard pour la récupérer, il s'apprête à commettre une grave erreur... Ce film douloureux, hanté par la mort, n'a rien d'académique. La reconstitution luxueuse de l'Italie des années 1900 est marquée par la nostalgie de Visconti pour son enfance aristocratique. (Télérama) Le résultat est un grand film malade, au montage pas toujours maîtrisé, mais qui porte indéniablement la marque de son auteur. Un testament morbide et décadent réalisé par un vieil homme n'ayant pas fait la paix avec ses démons intérieurs. (aVoir-aLire.com) |
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Semaine du 28 aout Mon parfait inconnu Film de Johanna Pyykkö - France, Norvège - 1h 47 - avec Camilla Godø Krohn, Radoslav Vladimirov, Maya Amina Moustache Thuv Ebba, jeune femme solitaire de 18 ans, travaille dans le port d’Oslo. Un soir, elle découvre à terre un homme d’une grande beauté, blessé à la tête. Se rendant compte qu’il est atteint d’amnésie, elle lui fait croire qu’ils sont amants et leur construit un univers bâti sur le mensonge. Mais progressivement, Ebba comprend que les pires tromperies ne viennent peut-être pas d’elle... Rythmé par les illusions et les mensonges de son héroïne, Mon parfait inconnu a quelque chose du conte. Mais dans Mon parfait inconnu, un mensonge peut en cacher mille autres et Ebba va bientôt se retrouver prise à son propre piège. Alors que nous sommes entrés dans le film par le biais de sa psyché, nous finissons peu à peu, comme elle, par nous perdre, à ne plus vraiment savoir ce qu’il faut craindre, ce qui relève du fantasme ou de la paranoïa. (Lebleudumiroir) |
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Semaine du 31 aout Baby Sitter Film canadien, français de Monia Chokri - 1h 27 - avec Patrick Hivon, Monia Chokri, Nadia Tereszkiewicz Suite à une blague sexiste devenue virale, Cédric, jeune papa, est suspendu par son employeur. Pour se racheter, il va avec l'aide de son frère Jean-Michel, s'interroger sur les fondements de sa misogynie à travers l’écriture d’un livre. De son côté, sa femme Nadine en proie à une dépression décide d'écourter son congé maternité. L’arrivée dans leur vie d’une baby-sitter au charme espiègle et envouteur, va chambouler leur existence. Cette comédie 100% québécoise interroge les rapports hommes-femmes avec une liberté de ton réjouissante et une esthétique joyeusement décalée qui joue avec les codes de la série B. (Le JDD) Une réjouissante exploration de la loi du désir qui appuie les stéréotypes pour mieux leur faire la peau. (L'Humanité) |