6 au 12 avril 2024
Black Tea
Mauritanie
 
Samedi à 17h et mardi à 20 h 30
 
 
Film d’Abderrahmane Sissako - France, Luxembourg, Taïwan - 1h 49 - avec Nina Melo, Han Chang, Wu Ke-Xi 
À la stupéfaction générale, Aya, jeune Ivoirienne d’une trentaine d’années, dit non le jour de son mariage. Après avoir émigré en Chine, elle travaille dans une boutique d’exportation de thé avec Cai, un Chinois de 45 ans. Les deux tombent rapidement amoureux mais leur histoire survivra-t-elle aux tumultes de leurs passés et aux préjugés ? 
Mais Black Tea met en exergue la force de la relation pour faire évoluer les comportements. Si bien que ce film largement onirique et nocturne est profondément politique. A travers le personnage d’Aya, auquel celui de Ying, ancienne femme de Cai et mère de Li-Beng, offre un remarquable écho, se dessine ce qui potentiellement peut faire évoluer les rapports tendus avec les étrangers dans un pays qui fut longtemps coupé du reste du monde : la prise de conscience de l’apport extérieur et la synergie du mélange et de la rencontre. Elle engage cette communauté en devenir qui rassemble celles et ceux qui, en amour comme dans le reste de leur vie, savent renoncer à la peur et la facilité pour relever le défi de l’autodétermination. Comme souvent dans ses films, Sissako insère des virgules d’une grande sensualité, ici entre Ying et Aya pour évoquer la constitution de cette communauté d’affects. (Olivier Barlet dans africacultures.com) 


 
 

 
 
Sira 
Burkina Faso
 
Dimanche à 16h30 et mercredi à 20 h 30


Film d’Apolline Traoré - Burkina Faso, France, Allemagne, Sénégal - 2h 02 - avec Nafisatou Cisse, Mike Danon, Lazare Minoungou 
Sira, jeune fille peule traverse le désert avec sa tribu pour se rendre dans le village où son fiancé Jean-Sidi l’attend pour leur mariage. Un jour, sa famille et elle sont attaquées par des terroristes islamistes. Tous les hommes sont abattus. Alors que Yéré, le chef des agresseurs, l’emmène avec lui, Sira est violée et laissée pour morte dans le désert. Seule et enceinte de son agresseur, Sira se retrouve face à son instinct de survie et désir de vengeance. 
Prix du public Panorama au Festival international du film de Berlin l’an dernier, Sira, une héroïne africaine s’avère un film d’une beauté magistrale dont le lyrisme évoque le cinéma de Terrence Malick (Les moissons du ciel, Le nouveau monde). Grâce à la lumière de Nicolas Berteyac, qui met richement en valeur la couleur du sable et du ciel, la majesté du désert aura rarement été illustrée de si saisissante manière au grand écran.  
Au-delà de son vibrant hommage à la résilience des Africaines, Apolline Traoré témoigne avec la même vigueur de la stigmatisation dont sont victimes les Peuls en raison du haut taux de terrorisme parmi ce peuple d’Afrique de l’Ouest. À travers le personnage de Moustapha, elle dénonce avec audace et courage l’hypocrisie des fous d’Allah. Adaptant judicieusement les codes du western à la réalité ouest-africaine, la cinéaste burkinabée signe un drame prenant. (Manon Duval – La Presse) 


Banel et Adama  
Sénégal
 
Samedi à 21h et vendredi à 20h30 


Film de Ramata-Toulaye Sy - France, Sénégal - 1h 27 - avec Khady Mane, Mamadou Diallo, Binta Racine Sy 
Banel et Adama sont tous les deux très amoureux l’un de l’autre. Banel est de nature rebelle, Adama, lui, est plutôt calme et introverti. Ils vivent dans un village reculé du nord du Sénégal. Lorsque qu’Adama refuse d’appliquer les conventions imposées par son devoir de sang en devenant futur chef, l’équilibre de la communauté est menacé… 
Compétition officielle Palme d’or et Caméra d’or au Festival de Cannes 2023 
Sy a préféré éviter le regard "naturaliste", "social" avec lequel on filme souvent l'Afrique. Sans traiter directement du patriarcat, de l'émigration... ces thématiques traversent très subtilement son film. 
"C'est pour ça que j'utilise des genres. C'est pour ça que j'utilise le conte, le réalisme magique, la poésie et la tragédie." Le réalisme magique se ressent fortement, notamment dans les choix photographiques. Des tableaux qui se déplient sur l'écran, deviennent soudainement statiques... Sy ne cache pas ses très nombreuses inspirations : Van Gogh pour le pictural, Maya Angelou pour le poétique, Jacques Prévert et Toni Morisson, Racine et les contes du Fouta. 
À la fin, son réalisme magique se décline dans le film, qui passe lentement du film social au mystique, l'arc narratif devenant un arc pictural, grâce à un travail de photographie patient et étudié. "On a décidé de montrer l'Afrique avec tous ces clichés et tous ces stéréotypes, puis de les casser après, grâce à une sécheresse. Au début du film, dans la première partie, c'est très beau, ce sont des couleurs assez pastels, c'est une carte postale de l'Afrique avec des baobabs, des beaux vêtements, des beaux décors... Plus on avance, plus il y a une décoloration de l'image et des vêtements et même du son. Je voulais décrire la mort. Il y a aussi une décoloration des costumes avec la chef costumière. Tout ça colle avec le parcours de Banel, son parcours émotionnel. Plus son cœur s'assèche, plus l'image s'assèche et plus l'image devient blanche et plus les couleurs disparaissent." (France Culture) 

Nome 
Guinée-Bissau
 
Lundi et jeudi à 20h30

Film de Sana Na N'Hada - Guinée-Bissau, France, Portugal, Angola - 1h 52 - avec Marcelino Antonio Ingira, Binete Undonque, Marta Dabo 
En 1969, en Guinée-Bissau, Nome est contraint de quitter son village pourrejoindre les guérilleros du Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinéeopposés à l’armée coloniale portugaise. Entrecoupant images d’archives et ses souvenirs d’évènements qu’il a lui-même vécu, le réalisateur revient filmer la naissance de son pays. 
Film présenté à l’ACID au Festival de Cannes 2023 
À travers les ambiguïtés de son personnage principal, ce sont les mutations d’un pays, les limites de ses rêves d’émancipation que fait ressentir le réalisateur, avec un parti pris très éloigné du réalisme. Même lorsque le réel s’immisce dans le film, le réalisateur parvient à le maintenir à distance : choix audacieux mais payant, il mêle à la fiction des images d’archives en noir et blanc, qu’il a pour certaines tournées lui-même. Envoyé à 17 ans à Cuba pour apprendre le cinéma par Amilcar Cabral, leader de la guerre d’indépendance, Sana Na N’Hada est revenu au pays en 1972 pour filmer la fin du conflit, et la naissance de l’État bissau-guinéen après la révolution des Œillets au Portugal. Ces vrais visages, ces moments arrachés au passé, loin de nous sortir de l’hypnose et de nous ramener à la grande histoire, confèrent à Nome une touche fantomatique, qui se fond merveilleusement dans l’imaginaire de ce film fascinant, aux multiples niveaux de lecture. (Télérama) 
 

Animations 
Samedi 6 avril entre les deux films 
Intervention de Catherine Ruelle  
journaliste spécialiste du cinéma africain  
Buffet africain préparé par Le Lys de Réjane - PAF 10 €

 
Dimanche 7 avril  

Sira, en présence de l'acteur principal Lazare Minoungou 
 







En partenariat avec